Les élections législatives arrivent à grands pas, et le taux de retrait des cartes biométriques est relativement faible. Et ceci, sur tout le territoire national. La Raddho en a fait une enquête. Les sénégalais rencontrés affirment ne pas avoir retiré leurs cartes. Deux choses sont susceptibles d’expliquer cet état de fait : un manque d’importance accordé aux législatives, et une résignation à cause des déplacements en vain à la mairie. Mariétou Ciss la trentaine, remet la faute sur le dos des responsables. « Je n’ai pas encore reçu ma carte. Et pourtant, cela fait des jours que je fais des va-et-vient entre mon bureau et la mairie. A quelques jours du vote, toujours rien. Plus de diligence de leur part nous aurait été salutaire,» dit-elle résignée. Apostrophé à sa sortie d’une mairie, le découragement se reflète sur le visage de Salif Amar. Son sentiment de lassitude ayant pris le dessus, le fonctionnaire de 57ans, a certifié ne plus remettre les pieds là-bas. « Je suis fatigué de me déplacer inutilement. Nous avons d’autres choses à faire. Ils nous font venir et repartir comme si nous étions à leur disposition, dit-il en pointant du doigt la mairie. Le jour de l’élection, s’ils se rendent compte d’une baisse au niveau de la présence des citoyens aux urnes, l’on saura à qui incombe la faute. »
Cela pourrait paraître surprenant, mais beaucoup de sénégalais prennent ces législatives à la légère. Ils sont loin de constituer une infime partie, ceux qui disent ne pas voter, ou qu’ils n’ont pas à se précipiter afin de retirer leurs cartes. Pour cause, ce sont juste des élections législatives. Cela aurait eu plus d’importance pour eux, si cela avait été une présidentielle. « J’ai eu vent que ma carte était disponible. Mais, je ne l’ai pas retirée à cause de mon manque de temps. Et puis, les élections législatives ne m’intéressent pas. Je ne me vois pas faire la queue toute une journée, pour de simples élections législatives », affirme Seydina. Le jeune étudiant de 25 ans va plus loin, en soutenant qu’il ne brandit sa carte que pour des élections présidentielles. Cette façon de penser de Seydina en étonnera sans doute plus d’un.
Si pour Seydina le vote des législatives importe peu, Ndeye Dado Niang confie n’avoir jamais voté. Malgré ses 34ans révolus et son niveau d’instruction, la dame au contact facile, habillée d’un élégant ensemble tailleur, affirme : « Je ne vote même pas pour la présidentielle, encore moins pour des législatives. J’ai constaté qu’au Sénégal, les politiciens sont là pour eux. Ce n’est qu’après avoir assouvi leurs propres aspirations qu’ils se préoccupent de notre sort. Aucun d’eux ne m’inspire confiance, » confie-t-elle l’air dépité.
D’autres font preuve de procrastination. Ils attendront à la dernière minute, pour prendre d’assaut les mairies.