Il était une fois au pays de la téranga, un toubab de France qui enseigne le wolof même à des natifs du pays de Kocc Barma. Sauf que cette histoire n’est pas un conte de fée mais une histoire d’amour entre un Français et l’Afrique, plus particulièrement la langue wolof.
Quand nous l’appelons pour qu’il nous accorde une interview, c’est une voix toute calme qui nous répond dans un limpide wolof à nos questions posées en français. Au bout du fil, Géléém Saar, un Français qui s’est définitivement installé au Sénégal en octobre pour enseigner le Wolof.
Géléém de son vrai nom Guilhem signifie également chameau en wolof, l’animal est le totem des Sarr, c’est la raison pour laquelle il se fait désormais appelé Géléém Saar. Entre Géléém et la langue wolof, c’est une vraie histoire d’amour qui remonte à des années. Pourtant les débuts n’ont pas été faciles. Sa communication avec ses interlocuteurs étaient souvent parasitées par le wolof qui interférait souvent dans le discours de ses interlocuteurs sénégalais, même si ces derniers maîtrisent très bien le français. A l’époque, il ne parlait que français. Cette omniprésence du wolof au Sénégal n’a pas du tout découragé celui qui se qualifie de panafricain.
Depuis sa découverte du Sénégal en 2003, il continue à venir durant les vacances d’été ce qui va lui permettre de se familiariser avec la langue de Kocc Barma. Il commence d’abord à griffonner quelques petits textes en Wolof, à lire des livres principalement des contes écrits en Wolof ce qui suscite de plus en plus son intérêt pour cette langue. En France, il fréquente souvent les Sénégalais qui y sont établis et enseigne le Wolof à Lyon à travers une association. Un bon jour, il décide de venir s’installer au Sénégal et d’enseigner le Wolof aux étrangers qui souhaitent s’intégrer facilement.
Parmi ses élèves, figurent des journalistes étrangers qui travaillent au Sénégal, les expatriés Français car au pays du poète-président Léopold Sédar Senghor, le Wolof a quasiment supplanté le français. Même dans les administrations, il n’est pas rare de surprendre des conversations en Wolof. Ce qui a d’ailleurs poussé le gouvernement à mettre en place des écoles pilotes où des cours, notamment de mathématiques, sont dispensés en Wolof. Une omniprésence qui pose parfois de réelles difficultés aux étrangers qui ne parlent pas encore wolof.
Ainsi dispense-t-il des cours à plusieurs nationalités: Béninoises, Françaises, Américaines et même à des Sénégalais qui souhaitent mieux maitriser la grammaire de leur langue. Sosthène Deshouillère est un de ses élèves, il se dit fasciner par le travail de Géléém Saar. « J’ai appris en une quinzaine d’heures avec Geleem et je suis capable d’avoir des conversations simples. J’ai surtout compris les règles de grammaire et de conjugaison, ce qui est fondamental, le reste c’est du vocabulaire » explique-t-il tout content.
« Je suis un panafricaniste et ce, depuis longtemps. J’ai lu Cheikh Anta Diop à Lyon avant d’aller au Gabon l’université et c’est là-bas que j’ai fait mes études universitaires » nous informe Géléém. En panafricaniste convaincu, il ne compte pas se limiter au Wolof, il est également en train d’apprendre d’autres langues africaines telles que le Pular, le lingala.