Cette année, à l’image de celles précédentes, la Korité ne sera pas l’affaire exclusive des musulmans. La fête, marquant la fin d’un mois d’abstinence captive également l’esprit de certains chrétiens qui, de par la cohabitation se sentent concernés par ce jour de réjouissance.
Le nouveau style, qui prend part au décor des préparatifs de la korité ne fait pas pour autant de Marie Jeanne, une musulmane. Rencontrée dans un salon d’esthétique, la jeune chrétienne, délicatement habillée, ne compte pas passer discrète, le jour de la fête. Elle en fait son affaire, avec ses proches musulmans. « J’ai plus d’amis musulmans que chrétiens. Ce qui fait que je vis pleinement la période avant, et pendant. Je me suis payée une nouvelle coiffure, et une nouvelle tenue. Mes copines seront toutes sur leur 31. Elles me forceront à les accompagner pour une virée. C’est pour cette raison que j’investis dans la korité, » se réjouit-elle, en exhibant fièrement son greffage.
A l’image de Marie Jeanne, Mélanie elle, a l’air plus impatiente et excitée que ses sœurs musulmanes. Pour preuve, l’on la voit, allant de magasin à magasin au marché Tilène. A la voir, coquettement habillée en robe rouge traditionnelle, le visage légèrement rehaussé par un sobre maquillage, impossible d’imaginer qu’elle est chrétienne. C’est juste son nom, qu’elle souffle au vendeur, qui crée un effet de surprise chez les personnes présentes. Dans un fort marchandage avec un vendeur de collier, elle affirme faire les dernières courses pour la fête. « Il ne me manque que les accessoires et le sac assorti à ma tenue. Et je serai à la hauteur de mes sœurs musulmanes, » dit-elle taquine, un sourire radieux au coin.
Au jour-j, certains parmi eux passeront la fête chez leurs frères musulmans. Autant qu’en amis, qu’en invités, ils partageront la joie de leurs concitoyens. D’autres en revanche, la célèbreront à leur manière, dans leur domicile. C’est le cas de Valérie, qui, chaque année seconde son amie dans la préparation des mets. « Fatimata et moi, nous faisons la cuisine ensemble. Je l’aide dans le service et, pour finir, l’on se fait belle pour accueillir les invités, » dit-elle, emballée.
Comme si elle leur était destinée, les chrétiens préparent la fête, dans une euphorie à arracher un sourire de joie. C’est le cas de la famille Cabral de Fann. Pourtant d’origine portugaise, les membres de la famille Cabral célèbre la korité, au même titre que les musulmans, aussi loin qu’ils s’en souviennent. Ce que certifie, un de leurs voisins, Ibrahima Touré, retraité du Port Autonome de Dakar. Mme Cabral soutien qu’à la fête, rien ne manquera : « Nous préparerons des poulets, des jus, rien ne sera laissé en rade. Car, même si nous ne comptons pas beaucoup de parents musulmans, hormis ma belle-fille, nous aurons des invités. » Elle poursuit : « Mes enfants et petits-enfants sortiront leurs tenues traditionnelles. Ce qui ne les connaissent pas les prendront pour des musulmans et les gratifieront du ‘ndeweneul’ » avance-t-elle euphorique.
Nos frères catholiques agissent ainsi pour le plus grand bonheur des musulmans rencontrés, sans doute pour raffermir, solidifier cette complicité, cette fraternité qu’il y a entre les deux religions. Si les musulmans se sentent concernés par la fête de Noël, comme il est de coutume de le voir souvent,les chrétiens baignent aussi dans l’ambiance festive des fêtes musulmanes, cela participe à renforcer l’entraide, et l’harmonie dans la cohabitation inter-religieuse .