Les réseaux sociaux ont fini de se faire incontournables dans la vie des sénégalais. Pour preuve, nos pères et grands-pères y trouvent leur compte au même titre que les jeunes.
WhatsApp, certains d’entre eux peinent à le prononcer correctement et pourtant, ils y sont, et pas que peu. Ce penchant qu’ont nos pères pour ce réseau social ne peut manquer de susciter moult questions. Tel un aimant, whatsApp les attirent. Une fois dedans, impossible pour eux de s’en passer. Ceci, M. Ndoye la soixante en atteste : « Je suis à la retraite depuis trois ans maintenant. C’est assez difficile les premiers temps et en vérité, on ne s’y habitue jamais. Un jour, comme de tout temps, je manipulais mon téléphone et je me suis dit, tiens, pourquoi ne pas m’inscrire sur ce réseau, peut-être que j’y trouverai des comme moi, qui s’ennuient. C’est comme cela que je m’y suis inscrit. Là, je ne peux plus m’en passer. »
C’est de cette manière-là que la plupart d’entre eux se sont retrouvés sur whatsApp. Et, ils l’utilisent à l’image des jeunes. Figurez-vous que nos grands-pères y créent eux aussi des groupes. Une réflexion se pose, à quelle fin ? Assane Kane, 66 ans, le confirme : « Bien sûr que nous avons des groupes whatsApp. Dit-il, l’air surpris. Je suis même l’instigateur du mien. Nous sommes onze, tous de la même époque. Nous discutons de tout et de rien. Tout comme vous, nous nous envoyons des vidéos, des messages, et des audio. Mes enfants se roulent par terre dès qu’ils me voient faire un vocal. Pour eux, c’est incroyablement marrant. Ce qui est étonnant, pour des gens qui se disent modernes » dit-il sourire.
Toutefois, comme sur tous les réseaux sociaux, le positif et le négatif se côtoient, s’entrechoquent. Nos pères n’échappent pas à ce phénomène. Selon Doudou Fall, un rasta de 62 ans, cette assertion dissout une autre réalité: « Il est vrai que certains de notre génération agissent en mal sur whatsApp. Ils sont l’ombre du bien, de la bienveillance. Et malheureusement, ce n’est pas une minorité. Je le sais parce que j’en connais quelques-uns. Ces groupes, qu’ils surnomment « génération d’avant et génération d’aujourd’hui »sont pour beaucoup, un prétexte. Les pervers se donnent rendez-vous sur whatsApp. Ce qu’ils font hors-antenne avec les filles, c’est …, il hésite, ma langue refuse de faire sortir telle infamie » lance-t-il d’un air dégoûté.
M. Sall apporte quelques éclairages au sujet de ce fait : « Le groupe dans lequel je suis, est constitué de jeunes et de vieux. Nous y discutons entre pères et fils. Il n’y a rien de mal à cela. C’est un échange, basé parfois sur des thèmes qui se révèlent assez intéressants. Ce sont eux qui y gagnent le plus. La dernière fois nous avions soulevé la question de leur façon de pensée. Le but, c’est qu’ils en ressortent grandi mentalement, murs, responsables. Mais bon, chacun ne voit que ce qu’il a envie de voir. »
Demandez leur ce que leur rapporte whatsApp, vous serez ahuris de voir qu’ils n’y vont pas de main morte. Ils se défendent comme des tigres. M. Diop, commerçant de son état tonne : « Nous sommes vieux, pas des cadavres. La question de notre âge ne devrait pas se poser. Il n’est pas dit que whatsApp a été strictement crée pour les jeunes. Si nous y sommes à notre aise, je ne vois pas le problème, » Dit-il, un peu chiffonné. A la question à savoir ce qu’ils y trouvent d’intéressant et ce que cela leur apporte, il retrouve son sourire et affirme : « Pour dire vrai, whatsApp n’a rien d’instructif. Et puis qu’est-ce qu’un réseau de ce genre peut nous rapporter, nous qui avons tant vu. Je ne suis pas instruit, mais, cela ne constitue en aucun cas un frein ou un problème. C’est juste un divertissement, c’est tout ce que cela constitue pour nous autres que vous appelez vieux. »
De la même façon que les jeunes ne peuvent s’empêcher de pouffer de rire face à l’intérêt que nos pères portent à whatsApp, autant ils se gaussent de ces gens qui prétendent qu’ils n’y ont pas leur place.