C’est un secret de polichinelle. Le système de fonctionnement du Franc des Colonies Françaises d’Afrique (CFA), devenu en 1958 Franc de la Communauté Française d’Afrique, est au centre de tous les débats. Un débat qui autrefois était du ressort des élites, mais anime aujourd’hui les discussions entre les différentes franges de la population.
« Pour ou contre le Franc CFA ? » C’est toute la problématique qui a réuni ce samedi 20 mai, à l’occasion de leur journée d’intégration, les membres du réseau des boursiers et anciens boursiers de la Fondation Konrad Adenauer (Rebafka). Animée par Seydou Ka, journaliste, chef de desk au magazine « soleil business », la conférence a pour thème : « Le Franc CFA : tremplin ou déclin pour la zone ? ».
Le Franc CFA est né le 26 décembre 1945, date de la ratification, par la France, de l’accord de Bretton Woods, consacrant sa première déclaration de parité au Fonds monétaire internationale(FMI), a rappelé Seydou Ka; qui signale que le Franc CFA fait bonne figure parmi les 4 communautés monétaires que compte le monde entier (Zone euro, le dollar, le franc Suisse et le franc CFA). Non sans préciser que la manifestation anti-CFA remonte depuis l’indépendance, mais c’est en 2016 que les critiques les plus acerbes ont vu le jour, avec en janvier 2017 le lancement du mouvement anti-CFA .
Revenant sur les points de divergence entre les pro et anti-CFA, le journaliste spécialiste de l’économie a souligné que le débat prend en compte deux aspects: l’aspect idéologique et l’aspect technique. Sur le plan idéologique, les non partisans du franc CFA soutiennent, selon le journaliste, que la monnaie reste un outil de souveraineté et qu’il est inconcevable que la planche à billet de la zone UEMOA et du CEMAC soit sous le contrôle de la trésorerie française. Mieux, les pays de la zone franc doivent obligatoirement déposer, selon les accords, 50 % de leur réserve auprès du trésor public français. En 2005, précise, t-il, la BEAC (Banque des Etats de l’Afrique Centrale) et la BCEAO (Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest), disposaient d’un dépôt de plus de 3600 milliards de Francs CFA, (environ 72 milliards d’Euro) auprès du trésor français. Le Franc CFA continue d’être fabriqué dans l’imprimerie de la banque de France à Chamalières. Une toute autre chose qui hante l’esprit des anti-CFA, a–t-il ajouté.
Mais sur le plan technique, les pro-CFA justifient l’efficacité de la monnaie par la stabilité économique du continent. Pour les chantres de cette monnaie, les pays de la zone sont résistants aux problèmes conjoncturels qui minent parfois l’économie mondiale, en plus d’imposer une certaine discipline économique. Des arguments économiques avancés par ces derniers, il ressort que le franc CFA permet une bonne performance économique et surtout la maîtrise de l’inflation (1 %), en déca des critères de 3 %, a indiqué le journaliste devant l’assistance qui n’a pas ménagé sa participation à travers des questions et contributions poignantes avec la présence et la participation de madame Ute Bocandé, conseillère scientifique et chargée de programme à la fondation.
Le journaliste économiste précise que sur la question, même des économiques chevronnées n’arrivent pas à s’accorder leur violon. Comme Jean–Baptiste Armar, économiste à la BCEAO, le journaliste du soleil Business reste convaincu aussi que « Ce n’est pas la monnaie qui crée la richesse, mais le travail. »