Après la mort d’un vendeur de poisson, depuis six mois, la région du Rif (Nord du Maroc) est secouée par une vague contestation dont plusieurs ont eu lieu, ces derniers jours, dans la ville d’Al Hoceïma. Le leader de ces manifestations, Nasser Zefzafi, a été arrêté ce lundi 29 mai.
Le visage de la contestation à Al Hoceïma, baptisée « Hirak » « la mouvance » en arabe avait pour tête de fil Nasser Zefzafi. Chômeur de 39 ans. Il s’était fait connaître pour ses propos vindicatifs sur les réseaux sociaux en dénonçant le pouvoir, la corruption, la répression ou encore l’Etat policier.
Vendredi matin, Nasser Zefzafi avait interrompu le prêche d’un imam dans une mosquée d’Al Hoceïma, en le traitant de menteur. Un mandat d’arrêt avait alors été lancé contre lui pour avoir insulté l’imam, prononcé un discours provocateur et semé le trouble. Il avait ensuite échappé à une tentative d’arrestation et était activement recherché.
Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, il était vu sur le toit de sa maison. Il y criait en disant qu’il n’avait pas peur, en provoquant les forces de l’ordre, en disant que si on l’interpellait, il ferait une grève de la faim.
Il a finalement été interpellé avec d’autres personnes, dit le procureur du roi à Al Hoceïma, ajoutant que le groupe ferait l’objet d’une enquête notamment pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat ».
Des manifestations en solidarité avec Al Hoceïma ont éclaté dans différentes villes du nord. Ce dimanche 28 mai, selon l’Association marocaine des droits de l’homme, des rassemblements ont encore eu lieu à Rabat, Casablanca, Nador ou encore Tanger. « Les gens réclament leur droit légitime, mais l’Etat répond avec la répression. C’est très grave », confie un membre de l’association.
Officiellement, 22 personnes ont été arrêtées, ces trois derniers jours. D’après l’organisation, on dépasserait la cinquantaine avec 33 déférés ce lundi 29 Mai au matin à Al Hoceïma, 22 transférés à Casablanca, et d’autres arrêtés à Imzouren et Bni Bouayach. « Cela va encore augmenter le sentiment de marginalisation de cette région », craint un membre de l’AMDH.