Alioune Badara SALL, Kédougou
A Kédougou, nombreuses sont ces femmes qui travaillent dur dans la recherche de l’or pour subvenir à leurs besoins. Cette activité n’est pas sans conséquences sur leur morphologie.
En effet, à les voir, elles font beaucoup plus que leur âge tellement les dures corvées quotidiennes des « djouras », les font vieillir de jour en jour. Armées de courage, elles nourrissent toujours l’espoir un jour de trouver une grosse quantité d’or pour changer de vie. En général, il est difficile pour ces femmes de dire leur âge. A Kédougou, sur les sites d’orpaillage, si une d’entre elles vous fait cette confidence, vous n’en reviendrez pas. Tellement, il y-a un paradoxe entre l’âge et le physique de ces femmes.
Dans les « djouras », il n’y-a pas que les hommes, mais aussi les femmes. Jeunes, adolescentes, adultes, toutes s’y rendent pour chercher de quoi se mettre sous la dent puisque leurs maris, à part la dépense quotidienne, ne s’occupent guère de l’esthétique de leurs épouses encore moins de leurs autres besoins financiers. Tôt le matin, elles sont des groupuscules réunis par village pour se rendre à pied sur le site sis à Khossanto, village situé à environ 7 km ou plus selon leur village d’origine. A l’occasion, un motard peut les aider à réduire le trajet en les déposant au prochain village à partir d’ou elles vont continuer à pied. Lorsque vous les dépassez sur la piste, vous avez pitié d’elles mais ces va-et-vient sont une habitude pour ces braves dames. Sur le site d’orpaillage, elles creusent, elles concassent des pierres par-ci par-là avec l’espoir d’y trouver quelques pépites. D’un « Dama »(trou creusé pour chercher de l’or) à l’autre, elles font le tour pour demander du sable extrait du sous-sol appelé « fougouri » qu’elles vont traiter pour avoir de l’or.
Tantôt, elles y trouvent un peu, tantôt, elles n’y trouvent pas. Et pourtant, le lendemain est un jour nouveau, elles s’y rendent encore. Pour elles, tant qu’il y-a vie, il y-a de l’espoir. Au Djoura de Niamaya, nouveau site d’or découvert il y-a peu, elles y sont avec leurs pelles et autres matériels pour creuser. Elles rivalisent d’ardeur avec les hommes. En petites équipes, elles font le travail à tour de rôle. Pendant que l’une creuse, l’autre attend pour enlever la terre avec une pelle pour que l’autre puisse continuer. De temps à autre, elles se reposent, boivent de l’eau pour étancher leur soif qui commence à les gagner à force de transpirer.
Vers les coups de 15h, elles en ont fini, rentrent au village à pied alors que dans les autres Djouras, les femmes attendent l’heure de la descente pour demander des cadeaux. Ces cadeaux ne sont autres que du sable pouvant contenir quelques pépites d’or qu’elles vont traiter et échanger contre de l’argent pour s’acheter des boucles d’oreilles, des body, jeans histoire de se faire belles et des tissus pour les adultes ou mères de famille. Le quotidien de ces femmes est pitoyable. Si elles ne sont pas aux « Djouras », elles restent à la maison à s’occuper des tâches ménagères, vont aux champs ou puisent de l’eau au forage non loin de leurs concessions sous un soleil de plomb.