Au Sud de l’Ouganda, se situe le royaume de Buganda. Selon l’histoire, ce peuple d’artisans qui fait partie du clan Ngongé et sous la direction d’un Kaboggoza, le chef héréditaire des artisans, fabriquaient depuis des lustres du tissu d’écorce pour la famille royale Baganda et le reste de la communauté.
Nous sommes à l’époque pré-coloniale, une période ou la famille royale de Buganda domptait déjà la nature avant l’invention de l’industrie moderne de tissage. Un travail qui nécessite un savoir-faire et de la technicité pour utiliser l’écorce intérieure du Mutuba qui est récoltée pendant la saison des pluies. Après la coupure, le bois est travaillé à la main qui donnait à la matière une texture flexible et in fine avec une couleur ocre lisse.
L’écorce était conservée dans un récipient fermé afin qu’elle garde sa souplesse. Son utilisation dépend du sexe, du teint mais aussi et surtout du titre occupé au sein de la société. Le tissu d’écorce est porté à la manière d’une toge par les hommes et les femmes, avec une large ceinture autour de la taille pour ces dernières.
Ce qui prouve que les Africains utilisaient le tissu bien avant l’arrivée des occidentaux sur le contient. Certes, les colons sont venus avec la modernisation de la matière qui est devenue objet de commerce fructueux.
Néanmoins, il faut se rappeler que la fabrication de tissu d’écorce dans le royaume de Buganda avait connu une chute avant le dix-neuvième siècle avec l’arrivée des caravanes marchandes arabes. Mais pour la communauté Buganda, ce tissu d’écorce est toujours un symbole distinctif de ses traditions sociales et culturelles. Aujourd’hui, la fabrication est bien valorisée et encouragée par le royaume Buganda. En 2008, le tissu d’écorce de l’Ouganda est inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel de l’humanité par l’UNESCO.
La fabrication du tissu, une tradition africaine…
En Afrique, on retrouve plusieurs sortes de tissus fabriqués avec le bois de la forêt en écorce. Au Zaïre (Actuelle République Démocratique du Congo), les pygmées travaillent le tissu avec des motifs M’buti des plus riches au plus complexes qui sont inspirés des techniques indonésiennes. Ils fabriquent également des tissus colorés des Masaï qui étaient réservés pour des usages particuliers, dans l’Ouest et le centre-ouest du continent.
Dans des situations plus « formelles » en Afrique, notamment dans le Golfe de Guinée, les cérémonies ou en période de froid le tissu est déplié et drapé à la façon d’une toge ou d’un sati, une partie s’enroulant autour de la taille et le bord libre rejeté derrière l’épaule gauche, ou parfois relevé sur la tête.
Dans la partie subsaharienne de l’Afrique, des archéologues français et hollandais ont découvert les plus anciens fragments de tissus africains dans les tombeaux dogons creusés dans les falaises de Bandiagara (Mali). Ces fouilles dataient entre le XIe et le XVIII siècle. Les tissus découverts étaient unis ou teints en indigo ou même composés de bandes courses. Ils ressemblent eux même aux tissus fabriqués aujourd’hui par des industriels. Ceci prouve à suffisance que la culture textile africaine authentique existait bien avant l’arrivée des « étrangers » avec l’industrie textile moderne.
L’Afrique Occidentale en particulier a toujours eu les techniques de filage, teinturerie et tissage de coton. Ils utilisaient des plantes pour obtenir des teintes comme l’indigo. Le tissu confectionné est appelé « bogolan » qui est teint suivant une technique très utilisée au Mali, au Burkina Faso et en Guinée. Cette étoffe est encore associée, dans les secrets de ses tissages et de ses méthodes d’impression, à des mythologies qui lui confèreraient une origine divine. C’est un morceau de tissu en coton ou en de matière végétale tressée (ex fibres tissées de raphia). Il peut être simple, tissé, coloré, imprimé, brodé ou décoré de plusieurs manières.
Selon les époques, les cultures et les étapes de la vie, le pagne est mixte porté par les hommes, les femmes et les enfants.